Maxime Faury

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Naissance Arthur

Naissance d'Arthur au CMCO le 28 janvier 2017

Témoignage des parents :

"Ma femme me propose un beau jour de faire venir un photographe pour la naissance du dernier. Son argument : comme c'est le dernier, ça peut être une expérience originale et intéressante et en plus on aura les souvenirs. 
C'est un photographe qui travaille sur la place du père. Tiens, le thème me semble intéressant, moi qui ai tendance à dire qu'au cours d'un accouchement le père au mieux dérange et sinon est prié de rester dans le mètre carré qu'on lui octroie, ce sera sans doute une occasion de me démontrer que j'ai tort.
Bon, je suis pas contre même si en fait je n'y réfléchis pas vraiment et dis oui. J'aime assez l'idée.
Un rendez vous au café et un cours de chant prénatal plus tard il y a 3 personnes dans la salle d'accouchement qui attendent la venue du divin enfant. Je ne peux pas m'empêcher de signaler aux sages femmes que pour la conception on était moins nombreux. Car oui la place du père (en tout cas la mienne)  c'est aussi de dire des conneries. Et des conneries on en a dit un paquet tous les trois (de petit canaillou à kaamelott entre autres). Disons-le : on aura bien rigolé.
Mais la nuit fut longue, les cernes se creusent. Le moment fatidique survient au paroxysme de la fatigue. Je suis concentré, focalisé, je ne pense plus à la place du père et sur le moment même je m'en fous (mais a posteriori je pense que ça allait, je m'en suis bien sorti). J'attends ce petit avec le même mélange d'impatience et d'appréhension que j'ai attendu les deux précédents. La peur que quelque chose se passe mal, l'attente du résultat de l'oxygénation du sang du bébé. La peur également d'une nouvelle hémorragie comme ç'a été le cas pour la naissance de Jules. L'angoisse d'une césarienne éventuelle parce qu'Arthur est un gros bébé et que la possibilité qu'il ne passe pas est réelle. Bref, beaucoup d'angoisses par anticipation. La place du père c'est de les vivre en solitaire et en soi parce que les exprimer ne ferait qu'accroître les angoisses de la maman qui a déjà son quota. Alors on est seul dans son froc et on serre les mâchoires.
Le petit sort enfin. Ouf. Il est magnifique. Reste encore l'éventualité d'une hémorragie.
Peau à peau avec le petit pendant que le maman se fait faire une "révision utérine". Premier contact avec mon fils. Accompagné d'une sage-femme. C'est émouvant et malgré la fatigue je profite de ce moment de calme. Il cherche à téter mais je ne peux rien pour lui il faudra être encore un peu patient.
Maxime est là et on sourit de tout ce qu'il vient de se passer en regardant ce nouveau-né qui ignore qu'on s'est quand même bien marrés le jour de sa naissance." LG

"Tout a commencé à cause des bouchons. Dans la vie, il y a un truc qui m’est absolument insupportable : les bouchons. Ce sont des monstres qui engloutissent des parts de nos vies : quand on y est, le temps volé n’est consacré ni aux gens que l’on aime, ni à notre travail, certainement pas à la détente, et pour couronner le tout, on pourrit l’environnement alors que ça va à l’encontre de tout ce à quoi l’on croit… Quand j’ai un rendez-vous, je fais partie de ces gens qui préfèrent se pointer avec une heure d’avance et se poser avec un livre plutôt que de risquer de rester coincée dans un bouchon. 
J’arrivais donc ce jour-là au CMCO avec 45 minutes d’avances, une bouteille d’eau et un bouquin sous le bras, avec cette douce idée “ça y est, les choses sérieuses vont pouvoir commencer”. Après avoir décidé deux ans auparavant avec mon cher et tendre que nous allions nous lancer pour un “petit troisième”, au terme de plusieurs années de maladie, d’un traitement pénible que j’ai du arrêter sur plusieurs mois pour pouvoir mettre en route un bébé, je me retrouvais enfin à ce rendez-vous qui marquait la fin de ma contraception. Désormais, un bébé allait pouvoir décider de venir agrandir notre famille, quand il voudrait. 
Profitant de mon avance pour faire le tour des prospectus de la salle et voir si mes connaissances en matière de future maman avaient besoin d’une grosse mise à jour, mon regard a été absorbé par l’image d’un homme, des larmes plein les yeux, penché sur son nouveau-né et sa compagne. C’était beau, j’étais soufflée. J’avais quitté la salle d’attente pour être dans l’image : c’était d’une façon ce que j’avais déjà vécu, et ce que je voulais vivre à nouveau. Si proche et si palpable, j’en avais moi-même les larmes aux yeux et je me disais “tu es une patate”… 
J’ai lu l’affiche et ai regardé de quoi il retournait : profitant de mon smartphone, j’ai finalement délaissé le roman dont je ne connais plus le titre pour me promener sur ton site internet.
Les images étaient belles. J’étais conquise par ce drôle de jeu, des mots, des idées, jetées les unes après les autres puis la découverte des images. Je regardais, revenais sur mes pas, essayais de mémoriser la petite lecture préalable pour trouver le sens caché ou non dans l’image. C’était poétique, j’adorais les lumières, le mouvement, les corps. Petite, j’étais fan de Mary Poppins ; j’avais l’impression dans ton travail de plonger dans l’image, comme dans les dessins à la craie dans lesquels Jane et Mickaël sautent à pieds joints...
Juste avant de partir dans le box, décision était prise : j’attrapai un flyer qui ne ressortirait de mon sac à main qu’au moment où un bébé serait annoncé.
Dont acte ! Ce fut une des premières choses que j’ai fait en apprenant la nouvelle. Je voulais vivre cette aventure. 
La grossesse a été un peu mouvementée, des rendez-vous nombreux ont été programmés, mon mari a eu de nombreux changements de planning… Nos rendez-vous ont été bousculés, je me sentais mal : nous devions certainement apparaître comme les candidats peu sérieux et renvoyer une image à l’opposé de ce que nous sommes ! J’avais peur que ça ne “colle” pas, je t’avais trouvé assez réservé, j’angoissais en me disant que pour être plus à l’aise avec le concept il aurait fallu qu’on se prenne une bonne cuite tous ensemble, et c’était impossible…
D’une certaine façon, je souhaitais un accouchement qui nous ressemble : éviter la surmédicalisation, laisser de la place à l’accueil de ce petit être, parce que nous avions désormais l’expérience que nous avions, parce que nous voulions en profiter au maximum, sans angoisses. Et du coup, l’idée de ne pas être “nature peinture” parce qu’on se mettrait à poser, parce que nous n’aurions pas la décontraction et le détachement nécessaires me tendait.
Jusqu’à ce cours de chant prénatal. Où tu as dit “putain vous me faites vibrer”. Sur le moment je ne savais pas si c’était du lard ou du cochon. Mais comme on était en plein cluster et que je retenais un fou rire depuis quelques minutes déjà, ça m’a libérée, j’ai rigolé. Je me suis dit “c’est cool, en fait, il est marrant”. Il ne pouvait en être autrement, tu ne pouvais pas être un inconnu de marbre et faire des images pareilles. Ou utiliser des mots comme “sérendipité”, ou écrire des phrases de présentation dignes d’être psalmodiées comme des mantras, toutes ces choses qui me faisaient triper. 
Donc, arrivés pour ce grand jour, qui ne devait pas du tout, mais alors pas du tout être un déclenchement… 
(ceci est un “plagiat hommage”, glissant habilement vers un truc plus perso)

Arrivée sans tambours ni trompettes

Et si on parlait politique ?

T'inquiète ça devrait aller vite…

Salle nature c'est deux fois plus de ballons

Bon ben allons boire un café alors !

Et c'est comme ça qu'on s'est rencontrés…

Non mais la France d'aujourd'hui c'est pas normal. Mélenchon il nous le faut. Moi mes ados ils comprennent pas qu'il faut aller voter.

Je peux plus rester assise. Montons. Marchons.

On dirait que ça agit. Musique de chambre maestro ! 

On rigole on écoute des sketchs : Jean Michel à peu près Jean Michel gastro et petit canaillou.

Le repas thématique est avancé : tarte à la moule, soupe du soleil sur un air de Christophe et mimolette. 

Promenade et ballon puis macdo gastronomique pour ces messieurs.

Au bain. En chanson. La détente totale initiation validée.

Promenade nocturne dans les couloirs. 

Waka waka qui devient waaaaaaaa kaaaaaaa aaaah. 

Viens en haut il y a un terrasse panoramique. 

Lâcher de gaz hilarant par mon homme. Rires de fatigue et de douleur, je suis bon public comme une ado boutonneuse…
Discussion avec la sage-femme qui est un copine de la même promo que Loris. 
Les hommes sont des fillettes : je me roule sur la balle en écoutant leurs respirations tranquilles de bienheureux endormis... La sage-femme me masse le dos et on écoute de la musique. Je n'arrive pas à produire des sons avec la douleur. Ce sont de vagues souffles qui font un peu  vibrer les cordes vocales, Jeanne, je ne suis pas une bonne élève !
Salle médicalisée. Douleur et peur.
Péridurale on the rocks. Angoisse stupeur et tremblements. Soulagement ensuite. On perce la poche.
The hours. Petite musique de tic tac dans la tête. Montre à gousset.
Acupuncture et une sieste d'une heure.
On va passer à la suite, aussitôt ocyto... Bébé coince et fatigue. On ne lui laissera peut-être pas tenter la sortie trop longtemps. Maman panique et pleure. Puis décide qu'elle le sortira. Il ne connaît pas encore sa vieille celui-là !!!
On y va. Le chant prénatal se transforme : le son d'un paquebot quittant le port s'échappe de moi et m'aide beaucoup à m’apaiser et à contrôler mes muscles. 
Je propose à Loïc de faire le papa baleine : il me regarde avec son air de dire “je vais le faire parce que je t’aime, mais si c’est pour te payer ma tête, c’est le moment de le dire avant que je passe pour un con”. Entre deux contractions nous rigolons. On est une équipe. Il est toujours là. Toujours, toujours, toujours. Ce mec-là, ça se voit pas, mais c’est le mec le plus courageux du monde. Dans la joie, c’est simple d’être là. Lui, dans toutes les galères, dans la maladie, dans les jours gris, il est là. Et même quand je lui demande de faire la baleine, si c’est vraiment ce qui me rend heureuse ou me soulage, il est prêt à le faire. J’éprouve avant de mettre au monde notre enfant une bouffée d’amour explosive. 
A cet instant, où le travail sérieux est engagé, Maxime a soudain disparu, il s'est évaporé dans le décor !
Je pleure avant la montée de chaque nouvelle contraction. De peur de ne pas y arriver et de ne pas être à la hauteur. De joie de savoir la fin si proche. D'amour qui déborde tellement déjà. Parce que tout me revient là : le déclenchement qui tombe au hasard du calendrier le jour du décès de Manu, avec une copine de promo de Loris pour m'accompagner... Les fées se penchent au dessus du berceau, ça me donne du courage d'y penser, je suis sûre que je vais y arriver si je continue d'y penser. Ma maman aussi est là et je sais comment je dois pousser, elle me l'a expliqué et j'ai accouché deux fois en ayant dans ma tête sa voix qui me dit comment faire : suivre cette voix en confiance, c'est ce que j'ai fait dans ma vie quand c'était difficile et ça a toujours bien marché, c'est vieux comme le monde et tellement efficace l'amour d'une maman... 
Et cette grossesse, la dernière au programme, qu'on a eu peur de ne jamais se décider à lancer, qui a été compliquée pour des tas de raisons médicales et dans la tête où tout ne fonctionnait pas toujours comme on aurait aimé. Heureuse d'arriver au terme de ce voyage en ayant accompli ma mission du mieux que je pouvais. 
J'ai repensé à Jeanne pendant le chant prénatal, qui disait qu'elle avait trouvé dommage que ce soit si intime si fermé alors que c'était une fête à laquelle elle aurait aimé convier des gens pour papoter. En fait je réalise que c'est ce que nous venons de faire : avec Maxime que nous ne connaissons que depuis peu de temps, avec tous ces gens bienveillants autour de nous qui nous accompagnent, avec tout ce monde dans ma tête ! C'est une fête. C'est la vie. Je m'écroule en larmes parce que c'est beau et on touche au but. Il sera aussi parfait que les deux précédents. 
Le voilà. Je le tiens, il est gluant, je l’aime, je n’y crois pas, j’ai réussi. Il est si beau. Il est chaud, il ne pleure pas, il est calme et je lui caresse la tête, je suis secouée de spasmes de sanglots, je n’arrive plus à juguler ce tsunami d’amour. Et cette terreur de refaire une hémorragie comme la dernière fois. Je dis à Loïc que je suis terrifiée. Je vois à son visage qu’il est très stressé aussi par cette étape, même s’il me dit que tout ira bien. 
Il part faire un peu de peau à peau avec le désormais nommé Arthur. On s’occupe des soins médicaux purs et durs pour maman : tout ira bien. 
La conclusion est simple : j’ai mérité mon kit-kat. Je le savoure. 
Je réalise que j’ai passé une superbe nuit, malgré la douleur, qu’on a bien rigolé avec notre nouveau copain. C’était étrange. Ce matin, j’ai mis au monde mon troisième enfant. J’ai vu que mon mari était un être de lumière caché sous sa barbe. Et je sais qu’on verra un de ces jours Maxime autour d’un café, on en reparlera et on verra ses clichés. T'avoir avec nous Maxime, durant ces heures exceptionnelles, c’était une aventure complètement folle. C'était drôle, c'était émouvant, c'était nouveau, c'était humain." GGL


Merci à Jeanne Barbieri pour m'avoir ouvert les portes de son cours de chant prénatal !

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Photos réalisées au pôle de gynécologie-obstétrique des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg.